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DESSINDEPRESSE.COM
Le site d'Aster, dessinateur humoristique pour la presse d'entreprise


Le dessin et la caricature dans la presse
au travers d'une étude du
Rôle social et de la fonction journalistique des dessinateurs dans la presse quotidienne nationale en Communauté française de Belgique.


Mémoire de fin d'étude de Jean-Philippe Legrand, alias dessinateur Aster
,
présenté en vue de l'obtention du grade de Licencié en Information et Communication présenté à l'Université de Liège en 1998.

Historique de la caricature
La profession de dessinateur
Les dessinateurs dans la presse belge
Utilité et fonction


Partie II : Profession : dessinateur de presse
Chapitre III. LE DESSIN DE PRESSE: UN ARTISANAT

Préambule Ce chapitre est consacré à une approche relativement concrète de l'activité de dessinateur de presse, telle qu'elle s'exercerait au cours d'une journée type. Reposant en partie sur la comparaison du dessin de presse à un métier d'artisan, cette description de la procédure de réalisation d'un dessin s'articule autour de huit thèmes de base qui seront pour nous l'occasion de mener quelques réflexions sur la profession en général: De quel matériel et de quelles connaissances le caricaturiste dispose-t-il? Quels processus sont mis en place lors de la recherche des idées? A quoi sert le dépouillement formel du dessin? Mais aussi, et toujours plus concrètement: Quels problèmes peuvent survenir à l'impression? A combien se monte le prix d'un dessin? De quels moyens dispose le caricaturiste pour évaluer la qualité de son travail?
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§1. Artisan

Jusqu'à présent, nous avons assimilé le dessinateur de presse à un artiste et, dans la plupart des cas, il l'est en effet par sa formation, ses préoccupations esthétiques et ses autres domaines d'expression. Mais il est peut être plus juste de l'envisager comme un artisan. Ce terme est d'ailleurs souvent préféré à celui d'artiste par les dessinateurs eux-mêmes (1). Le monde de la presse est un marché. Le caricaturiste, un indépendant, parfois constitué en mini-société (Kroll, Franx, Lejeune,…) est soumis à une demande de la part des responsables des publications dont il parle d'ailleurs en terme de clientèle. Sa démarche est assurément commerciale - Saive parle d'une "approche marketing" - et son succès conditionné par l'équilibre entre l'expression de ses idées personnelles, la mise en valeur des opinions du journaliste dont il illustre le papier ainsi que le respect des valeurs défendues par l'ensemble de la rédaction auxquelles adhère généralement le lectorat.
Concrètement, le dessinateur passe un contrat oral (parfois suivi d'un bon de commande) avec le rédacteur en chef, qui a pris soin de fixer les clauses de sa collaboration (2) et de préciser les échéances. Ensuite, il est mis en contact avec les journalistes qui l'informent au jour le jour, par téléphone ou par fax, des rubriques ou des articles à illustrer. Le dessinateur veille également à prendre connaissance de certains paramètres techniques tels que le format de parution de son dessin, tantôt strict, tantôt approximatif, la couleur (polychromie, monochromie, demi-teintes,…), la présence ou non d'un cadre, d'une légende, d'un copyright, etc. mais aussi des caractéristiques formelles de la publication, celles-ci allant de la qualité du papier à la présence éventuelle d'autres dessins. Au point de vue du contenu, le caricaturiste se réserve le choix des idées et une discussion avec le journaliste vise tout au plus à parfaire sa compréhension du thème ou à mieux cerner la liberté de ton, de style et d'opinion qui lui est permise. Enfin, comme un artisan connaît ses clients afin de pouvoir fournir un produit sur mesure, le caricaturiste a tout intérêt, sous peine de "censure", à s'informer de la tendance, du ton, de la ligne rédactionnelle du journal qui l'emploie.

1) D'après un constat suite à la lecture de l'ouvrage de Michèle VESSILIER-RESSI La condition d'artiste, regard sur l'art, l'argent et la société, Paris, Maxima Laurent du Mesnil, 1997.. Cette préférence pour le terme d'artisan a également été exprimée, spontanément, au cours de nos entrevues.
2) Une des conséquences de la Loi sur les droits de l'auteur du 30 juin 1994 est en effet "la stricte description (…) de la rémunération de l'auteur et de l'étendue et de la durée de la cession" in Tarif 97-98, éd. de la SOFAM, Bruxelles, 1997, p.7.


§2. Matériaux de base

Afin de mieux comprendre la pratique de la caricature de presse, nous n'irons pas jusqu'à détailler les types de papier, d'encre, de peinture utilisés, et prendrons la notion de matériau dans un sens figuré. Comme le journaliste-rédacteur, la matière première du dessinateur attaché à un quotidien est tout ce qui, dans la réalité, se produit, arrive ou apparaît, en un mot, c'est l'événement. C'est "ce qui advient", à une certaine date, dans un lieu déterminé. Et plus cet événement comprend de l'insolite, du suspect ou du révoltant, plus il est porteur d'une plus-value pour le caricaturiste. Sinon, celui-ci le confronte à une autre situation jusqu'à ce que les idées se télescopent et génèrent l'humour, la prise de conscience, la surprise, le changement d'attitude.
Mais, ce matériau disponible à l'atelier ou au "desk" n'existe que parce qu'en amont, le reporter de terrain a saisi, dans l'écoulement des choses, ce qui deviendra l'information. Comme le dit Bernard Voyenne, "la presse suscite l'événement" (1), lequel n'existe pas en soi. Ainsi, au contraire du journaliste (dans son acception la plus large) qui va au devant de l'actualité, le dessinateur laisse l'événement venir à lui, déjà institué comme tel, filtré, coloré, sélectionné. Dans le meilleur des cas, l'information qu'il doit illustrer est déjà in-formée, présentée en un texte, relativement objectif, que lui transmet un journaliste. Mais ce n'est pas le cas le plus fréquent dans la presse quotidienne où le dessinateur est tenu au courant de l'actualité chaude par téléphone. Dans ce cas, il subit déjà l'influence de son interlocuteur qui, par son enthousiasme, ses intonations, ses allusions et ses explications, oriente sa perception de l'événement. Par ailleurs, un fait n'acquiert un caractère événementiel que par rapport à un contexte. Devant être maîtrisé "à fond", il constitue une autre grande source d'inspiration. Par conséquent, le matériau de l'artisan, ou sa cible, c'est aussi tout un tissu social, peuplé de personnalités reconnues et d'êtres anonymes, les systèmes de pensée, la langue, l'histoire, etc.
On comprend dès lors l'importance que revêt la culture, entendue comme somme de savoirs. Pour ceux qui ne se bornent pas à exprimer dans leurs dessins le point de vue candide de Monsieur-tout-le-monde, suivre de près l'actualité est une nécessité quasi existentielle et déterminante. C'est en effet leur maîtrise de l'information (politique) qui leur garantit la pertinence et l'efficacité, et surtout, qui les distingue des autres artistes illustrateurs, parfois graphiquement supérieurs, qui cherchent à s'imposer sur le marché de la presse.
Concernant les médias privilégiés, s'il n'est pas faux d'affirmer que "les journaux sont la toile de fond de leur vie et la substantifique moelle qui engraisse leur trait" (2), il ressort de notre analyse de leur emploi du temps (au cours d'une journée type) que les dessinateurs de presse tirent quelquefois de plus grands avantages de la radio et de la télévision, belges et étrangères. Les journaux radiodiffusés ont, grosso modo, un jour d'avance sur la presse écrite et peuvent être suivis dès le réveil ou durant d'autres activités. Les journaux télévisés, quant à eux, déterminent pour une bonne part la connaissance standard que le public a de l'actualité, et constituent une grande source d'inspiration pour les "iconophages" (Clou) que sont les caricaturistes. Comme nous le verrons dans la partie consacrée à sa fonction d'observateur, le regard qu'il pose sur l'information est tout à fait particulier et varie en fonction de sa spécialité. Wolinski affirme: "Je lis les journaux comme si je me promenais en forêt avec un fusil"(3). Moins acerbe et à son opposé sur l'échiquier idéologique français, Faizant avait coutume d'évoquer cette curiosité du dessinateur humoriste par sa pensée matinale (face à sa pile de journaux): "Avec quoi vais-je m'amuser aujourd'hui?" (4)

1) In COLTICE, Jean-Jacques, Comprendre la presse. Informer hier et demain, préface de Jean-Marie Charon, coll. "Savoir Communiquer", éd. Chronique sociale, Lyon, 1995, p.28.
2) LABE, Yves-Marie in SIEGMANN, Tristan, Traits, portraits, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1991, p.9.
3) Rapporté par BERGER, Françoise, Treize dessinateurs autour de la cène politique, in Libération, 20 novembre 1984, p. 13.
4) DAUBERT, Patrick et VASSEUR, Didier, Didier, Trimédia Spécial Dessin politique, in Trimédia, n°16-17, été-automne, éd. de l'Ecole supérieure de Journalisme, Lille, 1982, p.7.


§3. Outillage
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§4. Savoir et savoir-faire
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§5. Réalisation
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A) L'idée
B) La forme
C) La signature

§6. Publication (commander le texte à l'auteur)
§7. Rémunération
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§8. Réactions (commander le texte à l'auteur)

 

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feutre noir : "Aster" - (Jean-Philippe Legrand) - Cartooniste/dessinateur freelance depuis1999, Licencié en Journalisme - Prestations internationales.
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