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dessin et la caricature dans la presse |
Chapitre II. UNE HISTOIRE DU DESSIN DE PRESSE EN FRANCE §1. La Révolution de 1789Les
grandes époques du dessin de presse ont toujours coïncidé
avec de grands mouvements politiques, sociaux ou culturels. Or,
si la Révolution française constitue un jalon incontournable
de l'historique du dessin de presse, elle n'en signe pas la gloire,
tant s'en faut. De toutes les révolutions, les caricatures
ont été employées pour mettre le peuple en
mouvement (...) ses effets sont prompts et terribles, écrit
Boyer de Nîmes, dans son Histoire des caricatures,
publiée en 1791(1). Cela se vérifie à toutes
les étapes du processus insurrectionnel, où le commentaire
à chaud de l'actualité par les dessins fonctionne
tantôt comme arme de propagande, tantôt comme un cri
de révolte émanant du peuple. En 1797, le rétablissement
d'un régime de censure obligera l'intérêt
des caricaturistes à se tourner vers les moeurs de
vie, la mode, les innovations techniques et autres choses plus
frivoles. (1)
FORCADELL, François, Le guide du dessin de presse, histoire
de la caricature politique française, Paris, Syros
Alternatives, 1989, p.25. §2. La "Révolution des Journalistes" et le "dessin de presse
(2)
MELOT, M., cité par BREBANT, Frédéric, Profession:
Reporter-dessinateur. Le dessin politique dans la presse nationale
française des années 80, mémoire de fin
d'études, IHCS, Mons, 1990, p.11. §3. L'âge d'or du dessin de presseLa
réputation de la presse française à la fin
du XIXe siècle n'est plus à faire. Sa croissance
exponentielle entamée après "Révolution
des journalistes" connaît un dernier sursaut avec la
loi du 29 juillet 1881 qui supprime toute censure et tout délit
d'opinion. Cette libéralisation tant attendue déclenche
une authentique explosion de journaux de tous bords et de toutes
tendances: socialistes, anarchistes, anticléricaux, antimilitaristes,
antiparlementaristes, etc. Cette diversification est due, en partie,
à une série de scandales et de crimes: Boulanger,
Panama, Landru, Dreyfus ... À la fin du siècle,
on ne dénombre pas moins de 250 journaux satiriques paraissant
simultanément: Le Rire(1894), Le cri de Paris
(1897), Le Sourire (1899), L'Assiette au beurre
(1901), Le Canard Sauvage (1903), Fantasio (1906)...
Ceux-ci sont illustrés par des caricaturistes de renom
tels que Léandre, Forain, Caran d'Ache, Toulouse-Lautrec,
Willette, Grandjouan, Delannoy, Valloton, Iribe... (5)
STERNBEG, Jacques et DEUIL, Henri, Un siècle de dessins
contestataires, éd. Denoël, Paris, 1974, p. 59. §4. Le cartoonLe
réveil du dessin de presse après la Seconde Guerre
mondiale n'est pas brutal. Un gouvernement de redressement national
appelle à la réunion de toutes les forces vives.
Le climat n'est donc pas à la satire licencieuse et lapidaire,
telle que pratiquée dans L'Assiette au beurre et
nombreux sont les dessinateurs qui se tournent vers le dessin
d'humour. Comme dans bien des domaines après la libération,
l'innovation en matière de dessin d'humour dans le graphisme
et dans les procédés ironiques naît sous l'impulsion
des Américains. En 1945, une exposition de "cartoons"
du New-Yorker ( créé en 1925) organisée
à Paris par l'ambassade américaine, révèle
un style résolument neuf, fait d'absurde, de non-sens,
d'humour noir. Ses représentants se nomment Virgil Partch,
James Thurber, Chas Addams, Gahan Wilson, Peter Arno. ©aster1998 Toute reproduction interdite. §5. La génération Hara-Kiri - Charlie Hebdo.Les évolutions du dessin de presse, comme nous l'avons constaté, sont le fait de grands bouleversements sociaux, politiques et culturels. Les années 60 sont à ce titre exemplaires. Réveillés en sursaut par une actualité chaude (déchirement de l'union nationale, mouvements estudiantins et ouvriers, guerres d'Indochine, d'Algérie, du Viêt-Nam, tension Est-Ouest...) la contestation, l'antimilitarisme et l'anarchie gagnent tous les milieux où l'on sait faire usage de la liberté d'expression. Une presse particulièrement engagée se met en place autour de dessinateurs tels que Siné, Cardon, Soulas, Gébé, Reiser, Wolinski, Cavanna, Cabu, Topor, Fournier, Willem, Flip, Malsen... afin de juguler le tort causé par une plante qui fait rage: "la chienlit".Le ton est donné en 1960 par Hara-Kiri, le mensuel "Bête et méchant", fort inspiré à ses débuts du Mad américain, et qui se revendique comme le journal le plus violent et contestataire du pays. Tiré à 210.000 exemplaires en 1966, année de sa première interdiction, il se révélera un véritable tremplin pour toute une génération de dessinateurs politiques. Avec Siné Massacre (1962) et L'Enragé (1968), la plaisanterie scatologique qu'inspire la res publica atteint une sorte de sommet, l'information n'y a presque plus sa place, tout dans la presse satirique n'est que polémique, humeur et dessin. En 1970, une nouvelle interdiction du Ministre de l'Intérieur condamne les auteurs de Hara-Kiri Hebdo (1969) . On se rappellera la couverture suicidaire devenue si célèbre, et qui titrait : "Bal tragique à Colombey: 1 mort". Ceux-ci reviennent aussitôt sur la scène médiatique, dans un esprit tout autant irrévérencieux, dans un nouvel hebdomadaire: Charlie-Hebdo. Les années septante s'avèrent nettement moins fertiles en journaux illustrés: d'une part, de nombreuses tentatives de lancement sont très vite avortées (Satirix, Politicon, Le Père Denis...), d'autre part, la télévision étant popularisée, le public se détourne plus en plus de la presse écrite, y compris celle d'opinion et de divertissement. Le début des années quatre-vingt marque un certain retour à la morale ainsi que l'extension de la tradition du dessin de presse à la presse régionale, qui s'était montrée jusque là peu friande. ©aster1998 Toute reproduction interdite. §6. La caricature aujourd'hui [texte rédigé en 1998] : un culteAujourd'hui
[texte rédigé en 1998], malgré la désaffection
du public pour la presse écrite en général,
qui se traduit par l'agonie de la presse satirique et la difficulté
pour les entreprises à faire appel aux caricaturistes,
le dessin de presse n'a pas perdu ses lettres de noblesse. Quelques
titres leur accordent toujours une place prépondérante:
Charlie-Hebdo (Willem, Charb, Gébé, Luz,
Bernar, Wolinski, Riss, Tignous, Cabu...) et Le Canard Enchaîné
(Lefred-Thouron, Pétillon, Wozniak, Kerleroux, Cardon,
Pancho, Delambre...). Enfin, la presse quotidienne et hebdomadaire
perpétue sa tradition datant du tout début de ce
siècle qui est d'ouvrir ses pages à des dessinateurs
de talent: Plantu, Konk, Pancho, Pessin, Serguei ainsi que plusieurs
dessinateurs étrangers au Monde (qui n'utilise toujours
que très rarement les photographies), Faizant, Dobritz,
Calvi au Figaro, Loup, Willem, Luz, Soulas, à Libération.
Remarquons pour terminer que dans cette "histoire de la caricature
en France", beaucoup de grands du dessin d'humour - et d'autres
du dessin de presse - n'ont pas étés cités
( Topor, Brétecher, Piem, le trio Mulatier-Morchoisne-Ricord,..)
mais il est indéniable que ceux-ci constituent, autant
que les "dessinateurs de presse", des modèles
pour les dessinateurs actuels. |
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